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Gertrude est une femme virile

28 Mar

     Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler d’une espèce dont l’appellation n’est pas très connue du grand public. Vous en connaissez probablement dans votre entourage, mais vous ne savez cependant pas la nommer. Mais nul besoin de nommer cette créature n’ayant goût à se plier aux formes et aux usages princiers qui régissent notre belle démocratie française, parce qu’en général, elle a un prénom.

     Pour faciliter la rédaction ainsi que la lecture, nous appellerons la dite-créature Gertrude.

Gertrude est jeune, Gertrude est pleine de vie mais Gertrude a une légère tendance à la psychopathie aux yeux de ceux la croisant dans la rue. C’est un fait, Gertrude est un homme.

D’un point de vue strictement morphologique, Gertrude est bel et bien une femme, pas de doute à avoir, mais son attitude avec son entourage, qu’il soit masculin ou féminin, est une entrave à une vie sociale à peu près normale. Donc Gertrude est en réalité une femme virile. En effet, cette jeune gourgandine – dont le comportement parfois plus proche de celui d’un animal à cornes que d’un être humain – a le vilain défaut d’être elle-même. Quelle erreur !

Mais cette vile créature me fait de la peine quand j’arpente les rues de Paname et que j’en déniche un spécimen. Voici pourquoi je vous délivre un petit manuel à l’usage de ceux souhaitant apprivoiser une bête telle que Gertrude. Ce manuel n’est point exhaustif, et n’importe quel ajout est bien évidemment le bienvenu.

Guide d’utilisation d’une Gertrude :

–      Gertrude est bel et bien une femme, il ne faut jamais l’oublier. C’est une femme, donc c’est un être humain. Elle se nourrit de tout ce qui a un goût à peu près comestible. Il a sûrement dû lui arriver dans sa fougueuse jeunesse de brouter quelques pâquerettes (d’où le comparatif avec un animal à cornes, vous l’aurez compris), mais globalement, elle engloutit des aliments que n’importe quel Homme a déjà englouti au cours de sa vie.

Donc Gertrude aime les pâtes.

Au moins, ça se mange.

–      Gertrude aime boire des bières. Mais jamais seule ! Elle a déjà essayé de boire de l’alcool toute seule une fois, mais ce fut une expérience assez désastreuse car le doux breuvage qui délectait ses papilles avait le goût amer de la solitude. Les fous rires accompagnant d’ordinaire les canettes de Kro, 1664 ou Leffe demeuraient absents. Gertrude ne but plus jamais seule de sa vie. Non mais !

Mais Gertrude n’est pas fermée aux autres nectars alcoolisés qui s’offrent à elle. Elle n’a aucun complexe à affirmer qu’elle aime l’alcool car cela la met dans de bonnes dispositions pour être elle-même. Mais en pire.

Si vous voulez rire au cours d’une soirée, il vous suffit d’avancer sur une table basse un petit récipient fait de verre, communément appelé shooter, d’y verser un brin de Tequila, ainsi vous vous assurez de pouvoir vous foutre ouvertement de la gueule de Gertrude !

Donc Gertrude aime l’alcool.

–      Gertrude est une grande rêveuse. Il faut savoir que sous ses atours virils et ses jolies phrases fleuries (oui parce que Gertrude aime beaucoup les oiseaux, à tel point qu’elle en nomme souvent au cours d’une conversation), elle s’intéresse à beaucoup de choses. En général, elle se revendique de la musique qui reste une de ses plus grandes passions. Elle aime la lecture et se plaît beaucoup à (re)découvrir les auteurs classiques que la plupart de ses camarades rejetaient au lycée.

C’est un état d’esprit, juste pour s’affirmer et se la jouer un peu, Gertrude aime parfois ce que les autres n’aiment pas.

De temps à autres elle se donne des airs bobo, même si elle les a en horreur. Lorsqu’elle s’entend parler, elle ressent quelquefois ce besoin d’auto-flagellation pour se punir de tenir un discours aussi pédant. Elle ne renie pas la culture populaire, au contraire, elle a grandi là-dedans, elle aspire juste à plus d’éclectisme et de diversité.

Donc Gertrude aime se culturer (et se la jouer un peu).

J’ai lu le Petit Prince à 6 ans moi aussi. Je suis donc une bobo.

–      Gertrude ne pleure jamais (ou presque alors, mais faut pas le dire sinon elle cogne). Gertrude est une créature hypersensible mais qui ne le montre que de façon indirecte et détournée. Pour se référer au point juste au-dessus, afin de laisser aller ses émotions, elle fait de la musique. Elle n’est pas très sportive et elle déteste courir, même après les garçons. Donc à la place, elle gueule dans sa chambre une chanson des Cranberries jusqu’à temps que les voisins tapent sur le mur. Après ça va mieux.

A savoir également, pour rester dans le domaine de l’hypersensibilité, que si elle ne pleure pas et a horreur de s’apitoyer sur son sort, il n’est pas impossible (et même carrément probable) qu’elle épuise son stock de réserve lacrymale devant un film dit ‘’de gonzesses’’. C’est comme ça qu’elle fonctionne la Gertrude, elle est empathique et s’approprie les douleurs des personnages dans un film, et ça lui permet d’évacuer ses larmes.

En revanche, il devient de plus en plus difficile de lui trouver des films qui la fassent pleurer. Ayant trop vu Titanic, elle a la méchante manie de se marrer d’un gros rire gras lorsque Jack coule à la fin du film.

Donc Gertrude est sensible – mais sadique.

–      Gertrude est simple. Du moins, c’est ce qu’elle pense. Elle a horreur des gens qui ‘’cherchent les embrouilles vidmareum’’, et en général elle les qualifie de ‘’personnes dont la vie n’a aucun intérêt et qui créent des problèmes afin d’avoir quelque chose à faire et à raconter à Maman le soir en épluchant les concombres’’.

Elle évite les conflits, mais ce n’est pas pour autant qu’elle est lâche. Quand une personne la menace de lui foutre un coup de boule, Gertrude repense instinctivement à ses cours d’Aïkido, reçus dans sa tendre jeunesse (lui ayant d’ailleurs permis de terrasser plusieurs de ses camarades plus grands qu’elle en CM2). Elle s’imagine un carnage sanglant entre elle et le fou ayant eu l’audace de la provoquer, tout en se répétant des phrases poétiques dans la tête « Tu vas bouffer du gravier grosse catin ! »

N’oubliez jamais que malgré le goût de Gertrude pour la littérature, proférer des insultes douteuses demeure une de ses activités favorites.

Donc Gertrude ne se prend pas la tête – mais est violente.

Et tiens, prends ça.

–      Mais surtout, la chose à savoir sur Gertrude, c’est qu’elle aime. Elle aime beaucoup, beaucoup de choses. C’est une vraie hédoniste, elle a fait pas mal d’erreurs dans sa vie la bougresse (et elle continue), mais « qui n’en fait pas ? » aime-t-elle se répéter. Elle aime donner, d’ailleurs qu’est-ce qu’elle s’est faîte pigeonner cette idiote ! Faudrait bien penser à lui apprendre la vie à celle-là aussi tiens … Mais elle s’en fout en fait, un rien la rend heureuse : un nuage en forme d’Aston Martin, un sandwich au thon, une belle somme créditée sur son compte (non Gertrude n’est pas vénale, taisez-vous donc mauvaises langues !) …

Sachez une chose, Gertrude aime la solitude, ça ne lui fait pas peur, bien au contraire, parce qu’elle aime se retrouver toute seule à discuter avec son alter ego (ou son narcissisme si vous préférez). Mais surtout, elle aime passer énormément de temps avec ses amis et sa famille. C’est d’une banalité absolument affligeante, certes, mais elle n’est jamais aussi heureuse que lorsqu’elle rit et fait rire (même malgré elle).

Mais le gros problème de Gertrude, c’est qu’elle aime les garçons.

Avec un tel descriptif, on pourrait penser que Gertrude n’est que l’archétype de la lesbienne qui a peur de sortir du placard, mais que nenni ! Elle aime tellement les garçons que ce sont ses amis. Gertrude est heureuse, mais elle déprime parfois. La pauvre minette désespère de trouver quelqu’un avec qui être, alors parfois elle se pose plein de questions « Ca doit être la bière, à tous les coups ! ».

Et au final, Gertrude s’en fiche. Elle a de l’air dans les poumons, elle a toujours un bouquin à lire, des amis sur qui compter et une famille qui l’aime (et qui recrédite son compte en banque régulièrement) (mais non enfin, puisque je vous dis qu’elle n’est pas vénale !)

Donc Gertrude est amoureuse de la vie, et globalement, elle vous emmerde.

Bref, Gertrude est une femme virile.

Ah et aussi, Gertrude n’est pas rancunière.